Numérique, Lecture d'image et Interculturalite

Acculturation des enseignants et nouvelles compétences

Le développement puis l’utilisation des outils (des « effecteurs ») et des instruments (des « capteurs ») numériques font que nos sociétés se transforment peu à peu, modifiant notre rapport au monde. Malgré l’utilisation quasi quotidienne de ces nouveaux outils, que ce soit au sein des entreprises ou dans des espaces privés, les compétences entre les utilisateurs sont assez disparates et inégales.

Se pose alors la question de savoir comment développer ces compétences et quelles sont-elles ? Quelles sont les aptitudes qui feront en sorte que les utilisateurs (parfois producteurs et/ou diffuseurs d’information) de ces nouveaux outils puissent devenir des citoyens conscients et responsables de ce nouveau monde qui se créé sous leurs yeux et dans lequel les frontières (souvent culturelles) deviennent virtuelles. En d’autres termes, l’enjeu serait d’assurer une formation cohérente face à ce grand chamboulement. L’éducation, vecteur du savoir, garant d’une homogénéité et d’une harmonie pour chaque culture, peut contribuer à réfléchir à cette problématique et à mettre en place les nouvelles formes de pratiques pédagogiques innovantes.

Ainsi, l’Europe a pris conscience ces dernières années de l’importance qu’il y a d’évoluer vers une pédagogie différente, qui intégrerait le numérique dans l’éducation. En effet, le monde professionnel de demain tend à se réaliser dans et par le numérique. Pas une entreprise sans internet, peu de profession sans qu’il y ait interaction avec l’informatique et les nouvelles technologies, pas une recherche d’emploi sans qu’il y ait utilisation d’internet. L’oublier, ou faire comme si ce futur était chimérique, serait mettre en danger l’avenir économique de notre pays mais aussi, celui de nos enfants. Pour éviter cela, il nous faut dès à présent développer des compétences spécifiques. Car de quoi sera fait demain avec un monde qui tend à être de plus en plus globalisé de par l’existence de ces nouvelles technologies ? 

Nous connaissons une effervescence vis-à-vis du numérique : tout le monde l’utilise de 7 à 90 ans. Mais lors de la conférence à la Gaîété Lyrique, le 18 juin 2013, il a été question de « fracture numérique »... Celle-ci existe de par l’âge, le milieu social, le manque de moyen, etc. Avec le premier rapport Fourgous sur l’équipement numérique des écoles (« Réussir l’école numérique », 2010), nous avons pu voir que la plupart des écoles avaient été dotées d’outils permettant l’utilisation du numérique (ordinateurs, TBI, etc.). Malgré ceci, on parle toujours de « fracture numérique » non plus à cause du manque de moyens (donc d’équipement) mais plutôt à cause d’un manque de pratiques pédagogiques innovantes vis-à-vis de ces nouveaux outils. En France, nous avons accès à l’outil mais nous ne savons pas l’utiliser. Reste à savoir pourquoi ? Pourtant, selon le sondage IFOP (2010), « 94% des enseignants utilisent les outils numériques pour préparer leurs cours », ce n’est donc pas par un manque d’usage ou de savoir-faire. Alors qu’en est-il en classe, avec les élèves ? Comment réussir à mettre en place une pratique quotidienne de ces outils qui mènerait à une pédagogie plus active et collaborative? Quelles stratégies pédagogiques pour une intégration réussie des TICE? Avec le second rapport Fourgous « Apprendre autrement à l’ère numérique » (2012) nous pouvons noter que malgré ces outils au sein des classes, il n’y a pas eu d’évolution au niveau des pratiques pédagogiques (manque de fiabilité, de ressources, de temps,...). Ce rapport est à la base de la stratégie numérique proposée par le ministre de l’éducation nationale, M. Peillon, dès la rentrée 2013 avec le projet « Faire entrer l’école dans l’ère du numérique » (une ambition pour la refondation de l’Ecole, 13 décembre 2012). Onze nouveaux services seront mis en place (sites, applications et ressources) à destination des parents, des enseignants et des élèves.

Ce projet à destination des élèves et de la communauté éducative est ambitieux même s’il est en effet nécessaire de permettre une acculturation progressive de nos enseignants à ces nouvelles pratiques pédagogiques. Ceci ne peut se faire sans un changement intime, lié à la culture même du pays et de l’image que l’on se fait généralement de l’éducation: transversalité dans les programmes, horizontalité et non plus hiérarchie, partage pair à pair, travail collaboratif, etc. Ce changement ne va pas sans heurt car il est bien plus profond qu’un simple bouleversement de pratique... C’est aussi un changement au niveau de la société même (93% des français souhaitent que notre école évolue selon le sondage d’Opinion Way de 2012) et donc un changement de compétences.

Les frontières se délitant, il est alors intéressant de regarder vers l’Europe. L’école européenne a ses propres valeurs intrinsèques : la gratuité, l’ouverture à tous et l’humanisme. Pour conserver ses spécificités, et pour permettre aux pays qui la composent de rester novateurs et garant de ses valeurs, l’Europe se doit de prendre la mesure de ce changement. Au Danemark et en Finlande l’utilisation du numérique se fait avec succès au quotidien2. Reste à comprendre comment faire pour évoluer vers une nouvelle culture numérique dans le champ de l’éducation tout en sachant que tout processus d’acculturation ne se fait pas sans tâtonnements, ni erreurs. Comment acculturer nos enseignants à cette nouvelle pédagogie ? Et surtout, quelles sont ces ces nouvelles compétences et comment les mettre en place? 

 




19/05/2014
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